vendredi 6 juillet 2012

L’exil doré des Ben Ali

Par Mehdi Ayadi

Une ressemblance troublante entre Ben Ali et Baghdadi Mahmoudi. Sur les deux hommes, planent les plus lourdes accusations dans leurs pays respectifs lorsqu’ils étaient dans les premières loges du pouvoir. Une grande différence les séparent. Le premier se la coule douce et continue à bénéficier d’un exil doré en Arabie Saoudite, un pays frère, et l’autre extradé dans son pays d’origine dans un imbroglio politique, avec une Troïka dont les violons ne sont pas du tout accordés, devant un peuple resté médusé par une pièce de théâtre tragico-comique.

Entre-temps, les Ben Ali mènent une grande opération séduction médiatico-juridique, par un livre paru récemment « Ma vérité », sa vérité à elle, de celle qui fut la première Dame de Tunisie et qui a régné sans partage. Une interview exclusive par un canard français gracieusement rétribué et une autre au magazine Arabophone  « Laha », ces révélations ne s'arrêteront pas de sitôt...
Le livre cultive le mensonge avec l’art de désinformer qui est le sien. Elle n’a jamais joué, son mari non plus, un rôle dans l’état de déliquescence du pays et du pouvoir, origine de l’avènement de la Révolution. Ce livre est l’expression d’un désir refoulé de se faire aimer et de se justifier auprès d’un peuple meurtri par de longues années d’injustice. Dans plusieurs passages, elle fait preuve d’une grande obsession pour donner d’elle et de sa famille la meilleure image pour se faire pardonner.

Sur un autre plan, l’interview accordée est une véritable opération marketing pour une image égratignée. Ni le voile blanc, ni le sourire d’une femme pieuse, ni la déclaration de Ben Ali ne pourront contribuer à leur réconciliation avec le peuple tunisien.

Maintenant après une campagne avec tambour et trompette comment réagira la Troïka ? Est-ce que cette opération va les séduire pour remettre la question de leur extradition aux calendes grecques ? Une extradition jugée hypothéquée car le pays qui les héberge est un symbole de démocratie et du respect des Droits de l’Homme.
Que notre justice n’est peut-être pas en mesure de leur assurer un procès équitable ? Ou bien, que notre ministre des Finances est en train de ramasser l’oseille pour pouvoir payer le retour tant attendu d’un président vivant dans le faste du royaume protecteur ?
Qui vivra verra !
Mehdi Ayadi sur Twitter 

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