Par Mehdi Ayadi
Ce fut un temps où le père spirituel faisait des
déclarations tonitruantes, des discours emphatiques et des démonstrations
narcissiques. Maintenant tout cela est fini. L’heure est grave. Il y a péril
dans la demeure. Le mouvement a perdu tout espoir de voir se réaliser un rêve
tant caressé : instaurer un Etat théocratique. Perdre les prochaines
échéances électorales-si échéances il y aurait- signerait la fin politique d’un
homme assoiffé de pouvoir qui risque de lui échapper à jamais.
Ses dernières déclarations sur une station radio traitant
Nidaa Tounes et particulièrement Béji Caied Essebsi d’un mal plus dangereux que
les salafistes, dénotent d’un malaise profond au sein de son mouvement, entre
ceux qui prônent une ouverture sur les autres partis et ceux qui représentent l’aile
dure et adoptent une position radicale excluant tout compromis.
Il a ainsi sonné le glas annonçant une scission voire une implosion
irréversible du mouvement. En plus, il a brouillé les cartes à tous ses
adeptes, les modérés en premier, qui ne sauront plus à quel Cheikh se vouer.
Le leader incontesté n’a pas perdu le Nord mais tout
simplement il croit dur comme fer que Nidaa Tounes apparait comme la seule alternative
à son projet de société tant défendu.
BCE est devenu l’homme à abattre à tout prix. Il est à ses
yeux, le seul à pouvoir mettre fin à cette embellie islamiste, à cet été indien
vécu depuis une année et le seul en mesure de siffler la fin de la récréation.
Le Cheikh sait pertinemment que ce n’est pas Nidaa Tounes ni
BCE qui ont attaqué et incendié l’ambassade Américaine un certain 14 septembre.
Reste maintenant à vérifier si le modèle proposé par Nida Tounes est en mesure
de faire barrage à cette déferlante. Une gauche ralliée à des nationalistes rassemblés
dans un front populaire, que personne ne voit venir, pourrait créer la
surprise.
Mehdi Ayadi sur Twitter Suivre @MehdiAyadiCorra