samedi 22 septembre 2012

Humeurs: retour sur la conférence de BCE

Par Mehdi Ayadi

Conférence BCE:

Rentrée politique ratée que celle de Béji Caied Essebsi récemment, lors de sa conférence de presse. En voulant décoder sa prestation, qui n’était nullement convaincante ni percutante,  je suis résolu à soulever certaines remarques.

De prime abord, à part quelques journalistes présents, l’assistance était constituée pour l’occasion, de la plupart des cadres et sympathisants de Nidaa Tounes qui alimentait à chaque prouesse de style et d’humour un applaudimètre gagné d’avance.

Sur le fond, on attendait le développement d’un programme économique ou du moins un plan de sauvetage pour la période à venir,  mais aussi à moyen terme en cas de réussite aux prochaines échéances électorales. Aucune initiative pour un pays enfoncé dans une morosité économique, politique et sociale sans fin, sauf pour marteler que le gouvernement a échoué et la Troïka n’existe plus. Tout cela nous le connaissons. Il était rabâché depuis des mois, vérifié au quotidien par le commun des mortels à travers les piteuses prestations des Marzouki, Jebli, Zitoun, etc.

Le répéter aujourd’hui serait une manœuvre politicienne, surtout conjuguée à une volonté affichée de ne pas participer à un gouvernement pour sauver un pays en proie à toute forme de violence et une jeunesse désemparée, ayant perdu toute confiance en une classe politique inapte.
Sur un autre plan, le message de Béji Caied Essebsi ponctué par des notes humoristiques-son style de prédilection- peut galvaniser des troupes déjà acquises à sa cause,  mais sûrement pas une jeunesse, qui n’a pas connu son passé politique et surtout son mentor historique Bourguiba.

Ce style peut galvauder son image en prodiguant la représentation d’un homme du passé mais surtout l’image d’un mouvement élitiste niché dans les quartiers huppés de la capitale. Un grand travail de communication de toute l’équipe de Nidaa Tounes-un ensemble compétent et motivé- pour fédérer une jeunesse en mal de reconnaissance, déçue et désarçonnée par un comportement de politiques avides de pouvoir.

Le duel Ghannouchi/Abu Iyadh :

Le marché de dupes conclu entre Ennahdha et les salafistes en l’occurrence entre le père Ghannouchi et Abu Iyadh n’est de nature qu’à remettre à plus tard une confrontation inévitable. Par les temps qui courent, environnement politique et social oblige, pression internationale perceptible après les derniers évènements vécus, les deux hommes étaient obligés de lâcher de lest, faire des concessions, opérer par de simulacres trêves au dam de leurs bases respectives. Une fermeté de façade affichée par le parti au pouvoir pour traiter la violence, les dépassements, les égarements de leurs enfants chéris et Abu Iyadh toujours convaincu et déterminé, sentant le vent en train de tourner, temporise, calmant ainsi l’ardeur des ses fidèles.

La preuve est donnée ce vendredi 21 septembre par des déclarations musclées du père Ghannouchi et des appels à manifester contre les caricatures blasphématoires restées sans suite.
Cet accord entre deux hommes qui se connaissent bien n’est que de circonstance. Les Américains ne sont peut-être pas très étrangers à tout cela, sachant qu’ils ont béni l’accession d’Ennahdha au pouvoir après les dernières élections.



Mehdi Ayadi sur Twitter 

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