Par Mehdi Ayadi
Conférence
BCE:
Rentrée
politique ratée que celle de Béji Caied Essebsi récemment, lors de sa
conférence de presse. En voulant décoder sa prestation, qui n’était nullement
convaincante ni percutante, je suis
résolu à soulever certaines remarques.
De prime
abord, à part quelques journalistes présents, l’assistance était constituée
pour l’occasion, de la plupart des cadres et sympathisants de Nidaa Tounes qui
alimentait à chaque prouesse de style et d’humour un applaudimètre gagné
d’avance.
Sur le fond,
on attendait le développement d’un programme économique ou du moins un plan de
sauvetage pour la période à venir, mais
aussi à moyen terme en cas de réussite aux prochaines échéances électorales.
Aucune initiative pour un pays enfoncé dans une morosité économique, politique
et sociale sans fin, sauf pour marteler que le gouvernement a échoué et la
Troïka n’existe plus. Tout cela nous le connaissons. Il était rabâché depuis
des mois, vérifié au quotidien par le commun des mortels à travers les piteuses
prestations des Marzouki, Jebli, Zitoun, etc.
Le répéter
aujourd’hui serait une manœuvre politicienne, surtout conjuguée à une
volonté affichée de ne pas participer à un gouvernement pour sauver un pays en
proie à toute forme de violence et une jeunesse désemparée, ayant perdu toute
confiance en une classe politique inapte.
Sur un autre
plan, le message de Béji Caied Essebsi ponctué par des notes humoristiques-son
style de prédilection- peut galvaniser des troupes déjà acquises à sa cause, mais sûrement pas une jeunesse, qui n’a pas
connu son passé politique et surtout son mentor historique Bourguiba.
Ce style
peut galvauder son image en prodiguant la représentation d’un homme du passé
mais surtout l’image d’un mouvement élitiste niché dans les quartiers huppés de
la capitale. Un grand travail de communication de toute l’équipe de Nidaa
Tounes-un ensemble compétent et motivé- pour fédérer une jeunesse en mal de
reconnaissance, déçue et désarçonnée par un comportement de politiques avides
de pouvoir.
Le duel
Ghannouchi/Abu Iyadh :
Le marché de
dupes conclu entre Ennahdha et les salafistes en l’occurrence entre le père
Ghannouchi et Abu Iyadh n’est de nature qu’à remettre à plus tard une
confrontation inévitable. Par les temps qui courent, environnement politique et
social oblige, pression internationale perceptible après les derniers
évènements vécus, les deux hommes étaient obligés de lâcher de lest, faire des
concessions, opérer par de simulacres trêves au dam de leurs bases respectives.
Une fermeté de façade affichée par le parti au pouvoir pour traiter la
violence, les dépassements, les égarements de leurs enfants chéris et Abu Iyadh
toujours convaincu et déterminé, sentant le vent en train de tourner, temporise,
calmant ainsi l’ardeur des ses fidèles.
La preuve
est donnée ce vendredi 21 septembre par des déclarations musclées du père
Ghannouchi et des appels à manifester contre les caricatures blasphématoires
restées sans suite.
Cet accord
entre deux hommes qui se connaissent bien n’est que de circonstance. Les Américains
ne sont peut-être pas très étrangers à tout cela, sachant qu’ils ont béni
l’accession d’Ennahdha au pouvoir après les dernières élections.
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