vendredi 10 février 2012

R.Ghannouchi et les autres




A situation exceptionnelle, pouvoir exceptionnel. Le pays s’est doté d’une tétrarchie : un pouvoir à 4 têtes où empereurs comme celui de l’Empire Romain. Ainsi la gestion transitionnelle des affaires de l’état se trouve confinée entre 4 individus, car trop risquée pour être tenue par une seule personne. Bye bye dictature. La quadrette, 4 joueurs dans une partie de boules, a opté pour une alliance comme solution pragmatique pour gérer et assurer provisoirement le gouvernement politique de l’Etat. La réussite et la stabilité de cette entreprise sont assujetties à un partage équilibré entre les membres de l’alliance et ce, afin de rassembler tous les tunisiens autour de leurs programmes et surtout de donner les meilleures garanties pour sortir le pays du marasme. A quoi assistons-nous aujourd’hui ? une dissonance dans le discours et les actes, génératrice de confusions, d’inefficacité et surtout d’instabilité.
Un chef d’Etat très instable comme l’oiseau sur la branche, multipliant les déclarations et voulant être présent sur tous les fronts, un premier ministre un peu dépassé par l’intensité des charges qui lui incombent donnant une impression d’immobilisme alors que la situation appelle à plus de réactivité, un président de l’ANC très émoussé devant un parti occupant la majorité des sièges, faisant fi aux promesses pour lesquelles il a été élu, trahissant ainsi ses électeurs. Le 4ème de la « tétranité », Trinité pour les chrétiens, se veut un guide pour son peuple. Il rassemble toutes les attributions des autres, il est présent dans tous les lieux des pouvoirs mais très discret et rompu au double discours. Premier ministre et ministres sont à ses ordres. Tout ce monde est à ses petits soins. Ce n’est pas le ministre des Affaires étrangères qui me contredira. L’ascendant spirituel de ce dernier du groupe lui confère par rapport aux autres provisoires, l’éternité. Donc aucune destitution ni déchéance.
Le tableau brossé est l’illustration parfaite de la séparation des pouvoirs dans une démocratie moderne. Un concert de mauvaise facture avec un quatuor de voix discordantes. Nous ne pouvons après cela qu’observer l’étendue des dommages sur tous les plans : politique, économique, social...
Tout le pays paiera un si lourd tribut. Le navire prend de l’eau. Je ne veux pas être un oiseau d’un mauvais augure mais tout cela peut annoncer l’instauration d’un régime potentiellement totalitaire s’appuyant sur un parti hégémonique omnipotent.     

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