dimanche 25 mars 2012

Volte-face d’Ennahdha


Par Mehdi Ayadi

On ne peut espérer mieux. La scission au sein de la société est bien consommée. Le pays est divisé politiquement et idéologiquement en deux. D’un côté, une société civile fière de ses acquis, ouverte sur son environnement et militant pour un projet de société en symbiose avec ses aspirations modernistes, des partis inscrits dans l’opposition essayant contre vents et marées de donner des réponses aux attentes non moins légitimes de toute une population. D’un autre côté, une autre frange de la société, ayant Ennahdha et des groupes salafistes comme chefs de file, porteuse d’un projet islamiste cloné sur un modèle moyen-oriental nous donnant l’impression de vivre dans un de ces pays du Golfe. La célébration de la fête de l’indépendance le 20 mars dernier en était la meilleure illustration. Je passerai sous silence le glossaire des termes utilisés de part et d’autre, et les slogans portés lors des différents sit-in ou manifestations et qui sont de nature à alimenter davantage la division, l’incompréhension et la haine.
Il y a lieu de comprendre dans ce contexte que le mouvement politique dominant ne manifeste aucun empressement à éradiquer les dépassements par une application stricte de la loi. Tout semble lui échapper. Sinon comment peut-on comprendre que le gouvernement en place n’a pas pu, su ou voulu en finir avec un mouvement radical mettant en péril l’équilibre et la sécurité du pays ? Est-ce par complaisance à ces groupes extrémistes ou calcul politique, ou bien même reconnaitre tacitement être pris en otage.
Sur un autre plan, le couple salafiste/Nahdhaoui s’est résolu à faire adopter la charia comme fondement de la prochaine Constitution. Ennahdha à travers les déclarations de ses députés voudrait faire entendre qu’il s’agit là d’un vœu populaire légitime largement exprimé lors des manifestations « préfabriquées », un certain Sahbi Atig ne me contredira pas, Habib Ellouz qui sur un plateau de télé nous intime qu’un recours référendaire dès maintenant est gagné d’avance. Quel beau respect pour les Tunisiens !!
L’engagement moral et politique d’Ennahdha signé avec les autres partis à la Haute Instance avant les élections est rompu de facto. Opter pour une constitution sans références religieuses n’est qu’un mauvais souvenir pour les leaders Nahdhaouis. L’article premier qui était pourtant consensuel avant le 23 octobre ne l’est plus.
Qu’est-ce qui a pu se passe dans la tête de ces adolescents de la politique ? Est-ce le pouvoir qui a fait tourner la tête à ces apprentis de la chose publique ? Ce qui est certain, ce sont les imbéciles qui ne changent pas.  


Vous pouvez suivre Mehdi Ayadi sur Twitter

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire