Par Mehdi Ayadi
On ne peut espérer mieux. La scission au sein de la
société est bien consommée. Le pays est divisé politiquement et idéologiquement
en deux. D’un côté, une société civile fière de ses acquis, ouverte sur son
environnement et militant pour un projet de société en symbiose avec ses
aspirations modernistes, des partis inscrits dans l’opposition essayant contre
vents et marées de donner des réponses aux attentes non moins légitimes de
toute une population. D’un autre côté, une autre frange de la société, ayant
Ennahdha et des groupes salafistes comme chefs de file, porteuse d’un projet
islamiste cloné sur un modèle moyen-oriental nous donnant l’impression de vivre
dans un de ces pays du Golfe. La célébration de la fête de l’indépendance le 20
mars dernier en était la meilleure illustration. Je passerai sous
silence le glossaire des termes utilisés de part et d’autre, et les slogans
portés lors des différents sit-in ou manifestations et qui sont de nature à
alimenter davantage la division, l’incompréhension et la haine.
Il y a lieu de comprendre dans ce contexte que le mouvement
politique dominant ne manifeste aucun empressement à éradiquer les dépassements
par une application stricte de la loi. Tout semble lui échapper. Sinon comment
peut-on comprendre que le gouvernement en place n’a pas pu, su ou voulu en
finir avec un mouvement radical mettant en péril l’équilibre et la sécurité du
pays ? Est-ce par complaisance à ces groupes extrémistes ou calcul
politique, ou bien même reconnaitre tacitement être pris en otage.
Sur un autre plan, le couple salafiste/Nahdhaoui s’est
résolu à faire adopter la charia comme fondement de la prochaine Constitution.
Ennahdha à travers les déclarations de ses députés voudrait faire entendre qu’il
s’agit là d’un vœu populaire légitime largement exprimé lors des manifestations
« préfabriquées », un certain Sahbi Atig ne me contredira pas, Habib
Ellouz qui sur un plateau de télé nous intime qu’un recours référendaire dès
maintenant est gagné d’avance. Quel beau respect pour les Tunisiens !!
L’engagement moral et politique d’Ennahdha signé avec les
autres partis à la Haute Instance avant les élections est rompu de facto. Opter
pour une constitution sans références religieuses n’est qu’un mauvais souvenir
pour les leaders Nahdhaouis. L’article premier qui était pourtant
consensuel avant le 23 octobre ne l’est plus.
Qu’est-ce qui a pu se passe dans la tête de ces adolescents
de la politique ? Est-ce le pouvoir qui a fait tourner la tête à ces
apprentis de la chose publique ? Ce qui est certain, ce sont les imbéciles
qui ne changent pas.
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